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À qui profite le boom du marché de l’art Africain?

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Expositions internationales, maisons de vente à l’affût de nouveaux records et foires spécialisées à Paris, Londres, New York ou Marrakech, l’art contemporain africain n’a jamais autant été sous les projecteurs. L’heure semble aussi venue pour le continent d’en récolter les fruits.

« 2017, année charnière pour l’art africain », titrait la presse internationale alors qu’une fièvre s’emparait du monde de l’art. Hormis de nombreuses expositions internationales, on assistait à l’ouverture très médiatique du Zeitz MOCAA à Cape Town, qui se rêve déjà en MoMA de l’art africain. L’année 2018 confirme cet engouement : en février, la foire 1-54 s’installait pour une première africaine à Marrakech et le MACAAL (Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden) lançait son inauguration internationale. Une tendance qui est loin de s’essouffler si l’on en croit la « saison culturelle africaine » prévue en 2020 en France. « Il est certain qu’il y a un phénomène avec l’Afrique, quelque chose de l’ordre de ‘Africa is on the rise’, remarque Guillaume Piens, le directeur d’Art Paris Art Fair. L’Afrique ne fait plus partie d’une chapelle, mais commence maintenant à intégrer le circuit de l’art international ». Pour s’en persuader, il suffit de regarder du côté des maisons de vente aux enchères qui, de Bonhams à Sotheby’s, ouvrent une à une leurs vacations aux artistes africains.

UN MARCHÉ ENCORE RÉDUIT

Bonhams Londres fait figure de pionnière depuis 2008 avec ses vacations « Africa Now », qu’elle entend bien poursuivre. « Le marché présente une croissance saine et graduelle, tant en termes de prix, de demande, que d’intérêt porté à ces oeuvres », analysait dans nos pages l'an dernier Giles Peppiatt, son directeur des ventes contemporaines africaines. Les perspectives sont prometteuses à en croire la vente record réalisée en février dernier avec la « Joconde africaine » : le portrait de « Tutu » de l’artiste nigérian Ben Enwonwu était adjugée à 1,36 millions d’euros. A Paris, la maison Piasa a su installer son assise avec un volume de vente supérieur à celui de Cornette de Saint Cyr sur ce segment (Africa Art Market report 2016). Les 17 et 18 septembre, Piasa dispersera en effet une partie de la collection de Pierre Loos qui avait contribué au succès de « Beauté Congo » à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 2015. A Londres, Sotheby’s créait en 2016 un département dédié qui compte aujourd’hui à son actif deux vacations soldées par un cumul des ventes moyennant les 2 millions d’euros chacune (2,5 millions d’euros en avril 2016 et 2 millions en mars 2017). Un montant encourageant, même s’il demeure en-deçà des résultats de ventes de l’art contemporain mondialisé. « Ce marché reste encore relativement réduit et sous-développé, quand on le replace dans le contexte du marché global de l’art, reconnait Charlotte Lidon, experte chez Sotheby’s. L’art africain moderne et contemporain représente moins de 0,1 % des ventes aux enchères internationales, alors que l’Afrique compte 15 % de la population mondiale, avec également une très importante diaspora ». Même effet de distorsion à Art Basel. Si Barthélémy Toguo, Yto Barrada, Ibrahim Mahama et Candice Breitz investissaient cette année la prestigieuse section « Unlimited » consacrée aux œuvres monumentales, seules deux galeries du continent (Goodman et Stevenson) étaient présentes. Et la représentation des artistes africains – moins de 2% – réduite à la portion congrue. Mais du coté de Sotheby’s, on reste confiant : « le marché continue à se développer. Pour le moment, moins de dix artistes africains ont atteint le million de dollars aux enchères, et nous pensons que les plus grands noms tels qu’Ibrahim El Salahi ou encore El Anatsui n’ont toujours pas atteint leur plein potentiel ».

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